2017 - Cancer et sexualité

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2017 - Cancer et sexualité

Messagepar admin » mer. 11 oct. 2017 14:39

Questions de personnes atteintes et de proches, réponses d’experts

Posez vos questions du 6 novembre au 4 décembre 2017, aux experts Mme. Simone Dudle et M. Stefan Mamié, qui y répondront par écrit.

Ces réponses correspondent à une prise de position générale. Elles ne remplacent pas les conseils personnalisés d’un médecin spécialiste. Les noms de médecins, établissements de traitement et produits ne sont pas cités dans un but publicitaire ni de recommandation. Ils se bornent à indiquer des sources d’information.


Quelques questions et réponses ont été traduites dans une autre langue nationale. Si vous avez des questions complémentaires, veuillez-vous adresser aux conseillères spécialisées de la Ligne InfoCancer, au numéro gratuit 0800 11 88 11, ou par e-mail à helpline@krebsliga.ch.

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Re: 2017 - Cancer et sexualité

Messagepar admin » lun. 27 nov. 2017 9:51

Question de A. :
Bonjour,
Depuis quelques temps je suis traitée pour un cancer. Ma peau est devenue très sèche à cause des médicaments. Je souffre également de sécheresse vaginale. Puis-je utiliser un lubrifiant du marché ou dois-je renoncer entièrement aux relations sexuelles jusqu’à ce que ma peau aille mieux ?
Merci beaucoup pour votre réponse

Réponse de Simone Dudle, conseillère en sexologie :
Bonjour,

Merci pour votre question pertinente.
Vous suivez actuellement un traitement pour combattre votre cancer. Les effets sur la sexualité sont souvent particulièrement prononcés et handicapants.
Votre peau et vos muqueuses, déjà fragiles, sont particulièrement affectées par ces traitements.
Comme beaucoup d’autres femmes, vous faites part de problèmes vaginaux qui peuvent se manifester par une sécheresse vaginale, une inflammation des muqueuses et une baisse de l’élasticité des tissus vaginaux. Le traitement provoque une baisse de la lubrification vaginale à court ou à long terme, qui peut à son tour causer des irritations et des douleurs lors des rapports, nuisant à une sexualité épanouie. Cela peut conduire à une baisse ou à une absence totale de désir.

La décision de renoncer temporairement ou durablement aux rapports sexuels dépend de deux facteurs.
Un cancer dans la région pelvienne et les mesures thérapeutiques qui en découlent peuvent nécessiter un arrêt temporaire des rapports imposé par le médecin afin de favoriser le processus de cicatrisation des muqueuses notamment. Si vous n’êtes pas sûre de devoir temporairement renoncer à avoir des rapports, n’hésitez pas à consulter votre médecin traitant.
S’il n’y a pas de contre-indication, c’est alors à vous de déterminer si vous souhaitez ou non avoir des rapports au sens traditionnel du terme. En effet, la sexualité et les rapports sexuels doivent toujours être une source de plaisir, sur les plans psychologique et physique. Les sensations physiques doivent être agréables. Si vous vous sentez mal à l’aise, que vous avez peur, que vous êtes inquiète ou tendue à l’idée d’avoir un rapport, en raison notamment d’irritations cutanées ou de douleurs, soyez à l’écoute de vos sentiments et des réactions de votre corps, et parlez-en avec votre partenaire. Le cancer et les problèmes vaginaux qui peuvent l’accompagner peuvent aussi favoriser la découverte de nouvelles sources de plaisir et enrichir la sexualité de votre couple. En effet, les rapports sexuels ne sont que l’une des nombreuses facettes de la vie d’un couple et du lien qui les unit. Tendresse, intimité, sensualité et érotisme ne vont pas forcément de pair avec pénétration.
Un massage de tout le corps ou un massage attentionné des mains sont aussi une réponse à un besoin d’intimité et de tendresse et peuvent permettre de découvrir ensemble une nouvelle sensualité dans une situation de vie difficile. La sécheresse de votre peau est ainsi prise en considération et bénéficie de soins attentionnés. Une consultation sexuelle approfondie peut également permettre de discuter d’autres possibilités correspondant aux besoins des deux membres du couple.


Si vous souhaitez avoir des rapports complets, l’emploi d’un lubrifiant vaginal de qualité est alors conseillé. Lors de l’achat d’un lubrifiant, veillez à choisir un gel à base de produits naturels ou identiques au naturel à base d’eau ou de silicone. Ces produits doivent se démarquer par une tolérance cutanée très élevée et avoir été testés dermatologiquement. Les lubrifiants à base de silicone sont particulièrement doux et ont en outre un effet protecteur (par exemple : Pju med premium glide).
Ces gels de qualité peuvent être appliqués juste avant un rapport sur le clitoris, les grandes et les petites lèvres ainsi qu’autour de l’entrée du vagin et sur le pénis ou le préservatif. Si besoin, il est possible d’ajouter du gel durant les relations amoureuses. Après le rapport, il est conseillé de nettoyer la vulve en douceur avec de l’eau puis de l’hydrater avec un produit d’hygiène intime ou une huile.

Durant et après un traitement contre le cancer, le vagin a souvent besoin d’une hydratation externe. La vulve (clitoris, petites et grandes lèvres, entrée du vagin) a en effet besoin d’une hydratation protectrice. Des soins intimes réguliers contribuent à améliorer les problèmes vaginaux en favorisant une récupération rapide de la peau. Ces soins intimes permettent de préserver la douceur et l’élasticité du vagin, un critère important pour une sexualité agréable. Lorsque les rapports sexuels sont temporairement mis en veille pour les raisons évoquées ci-dessus, mais qu’ils seront ultérieurement repris, l’introduction d’une routine pour les soins intimes peut avoir un effet bénéfique.
Dans un premier temps, vous pouvez prévenir les irritations cutanées et la sécheresse vaginale en appliquant quotidiennement un produit d’hygiène intime de qualité sur votre vulve, par exemple après la douche (une eau tiède suffit et préserve la peau de la zone intime). Pour trouver un produit d’hygiène intime adapté, n’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien. Les huiles de germes de blé ou d’amande sont également très efficaces, mais ne sont pas compatibles avec l’utilisation d’un préservatif.
Prenez le temps nécessaire pour effectuer ces soins, pour appliquer de la crème sur vos grandes et vos petites lèvres, votre périnée et votre anus, mais surtout l’entrée du vagin. Vous pouvez également appliquer le produit, ou l’huile, en massant lentement l’intérieur de votre vagin avec un doigt.
Ce contact tactile quotidien avec votre vulve et votre vagin vous permettra de sentir les endroits sensibles à la douleur ou très secs qui nécessitent une attention particulière et de percevoir les contacts qui vous font du bien et vous procurent du plaisir. Ce ressenti lors des soins intimes vous permettra également de reconnaître votre envie d’avoir des rapports sexuels.

Je vous remercie pour cette question importante, en mon nom et en celui des nombreuses femmes souffrant de sécheresse vaginale.
Parfois, de nouvelles questions apparaissent à la lecture d’une réponse. N’hésitez donc pas à nous recontacter.

Meilleures salutations

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Re: 2017 - Cancer et sexualité

Messagepar admin » mar. 12 déc. 2017 14:00

Question de Coccinelle :
Bonjour,

Il y a un an, ma meilleure amie touchée par un cancer a subi une vulvectomie radicale suivie d’une reconstruction. Elle est mariée depuis vingt ans. Maintenant, elle n’ose plus avoir de rapports sexuels avec son mari. Elle est déprimée et pleure souvent. N’étant pas vraiment satisfaite de la reconstruction, elle a honte et craint que son mari ne soit dégoûté. C’est aussi par peur de la douleur qu’elle remet sans cesse à plus tard tout contact sexuel avec lui. Elle souffre de pertes de sensibilité, ne reconnaît plus son corps et sa libido en pâtit. C’est une femme attractive qui prend soin d’elle et qui croquait la vie à pleines dents. Pour elle, il n’est plus question de profiter de la vie. Comment puis-je l’aider ?
Merci d’avance pour vos conseils !

Réponse de Stefan Mamié, psychothérapeute spécialisé en oncologie et sexologue :
Chère Coccinelle,

Merci de votre message et de votre engagement. Vous voulez aider votre meilleure amie à maîtriser les conséquences d’une vulvectomie radicale à la suite d’un cancer.

Beaucoup de patients ayant subi des interventions chirurgicales pratiquées sur les organes génitaux sont profondément bouleversés. L’image corporelle, le fonctionnement et la sensibilité peuvent ainsi être altérés. Beaucoup se remettent en question en tant que femme ou homme. Les personnes touchées renoncent à cet aspect de la vie par crainte de la douleur physique ou psychique, mais aussi par peur d’être rejeté par son partenaire. Cette évolution de la relation s’opère souvent sans être abordée. Par exemple, la personne touchée part du principe qu’elle n’est plus « digne » de cela. Le partenaire se dit qu’il faut la laisser tranquille pour gérer cette douleur et ne veut pas raviver les blessures en invoquant un besoin de proximité, de tendresse réciproque ou de sexualité. Cette retenue du partenaire est évidemment perçue par la personne touchée, qui est confortée dans ses suppositions et l’interprète comme une confirmation de son état « indigne ». Les deux partenaires tentent d’accepter les répercussions du changement et adoptent une attitude de repli émotionnel. Il en résulte non seulement une perte de la sexualité, mais aussi une perte partielle du « fil » de la relation, du sentiment de complicité dans le couple.

Cet exemple vise à illustrer comment la manière d’aborder un changement peut faire la différence dans une relation et en sexualité. L’évitement permet habituellement de tenir face à une situation indésirable. Il est difficile de trouver des mots pour aborder ce chaos émotionnel mêlant l’incertitude, la peur, la honte, la souffrance, le deuil, etc. Dans de telles situations, les patients qui se voient prodiguer de « bons conseils » se sentent le plus souvent incompris et ont l’impression que leur vis-à-vis ne perçoit pas vraiment la gravité de la situation, ni la détresse qui l’accompagne. Ces situations nécessitent presque systématiquement le soutien spécialisé d’un professionnel qualifié.

Il est essentiel que vous résistiez à l’impulsion de devenir « soignante », si tant est que cela existe. Restez son amie en étant présente, en prenant au sérieux ses sentiments, ses préoccupations et sa souffrance, mais aussi en consacrant du temps aux activités que vous avez toujours aimé faire ensemble. Reconnaissez le deuil, le désespoir et le découragement. Avoir quelqu’un qui partage ces sentiments est un soutien inestimable pour parvenir à trouver les moyens de gérer la situation. Si vous n’êtes pas sûre de ce que vous devriez dire, n’hésitez pas à en faire part à votre amie et à lui demander ce qui pourrait lui faire du bien, de quoi elle aurait besoin. Vous pouvez continuer à exprimer vos propres besoins quant à cette amitié. Selon son ressenti, tous les souhaits ne pourront évidemment pas toujours être satisfaits. Faites savoir à votre amie qu’il existe dans toute la Suisse des professionnels expérimentés qui sont spécialisés dans ces questions et pourraient l’aider à surmonter ce changement qui ébranle sa vie et sa relation. Restez à l’écoute et encouragez votre amie, même si elle n’est pas encore prête à accepter l’aide d’un professionnel. Si elle le souhaite, nous la conseillerons volontiers pour trouver l’offre adéquate la plus proche.


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