2011 - Cancer du poumon

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2011 - Cancer du poumon

Messagepar admin » jeu. 3 nov. 2011 14:34

Le Professeur Adrian Ochsenbein, de l’hôpital de l’Ile à Berne, spécialiste du cancer du poumon, répond à vos questions:


Ces réponses correspondent à une prise de position générale. Elles ne remplacent pas les conseils personnalisés d’un médecin spécialiste. Les noms de médecins, établissements de traitement et produits ne sont pas cités dans un but publicitaire ni de recommandation. Ils se bornent à indiquer des sources d’information.

Quelques questions et réponses ont été traduites dans une autre langue nationale. Si vous avez des questions complémentaires, veuillez vous adresser aux conseillères spécialisées de la Ligne InfoCancer, au numéro gratuit 0800 11 88 11, ou par e-mail à helpline@krebsliga.ch.



Question de Lara:
Mon père est décédé des suites d’un cancer au poumon à l’âge de 62 ans. Quelles mesures de prévention pouvons-nous adopter mes frères et moi ? Aucun d’entre nous ne fume. Existe-t-il des examens préventifs que vous nous conseilleriez ? Merci. Lara

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Lara,
Toute personne qui ne fume pas élimine automatiquement le principal facteur de risque pour le cancer du poumon. Il est par ailleurs tout aussi important de se protéger de la condition de fumeur passif.

La possibilité d’identifier précocement les tumeurs pulmonaires, c’est-à-dire avant l’apparition des premiers symptômes, n’existe pas encore. Autrement dit, aucun examen périodique jugé efficace en termes de réduction de la mortalité n’existe comme c’est en revanche le cas pour le cancer du col utérin (frottis vaginal, test Pap) ou le cancer du sein (mammographie).

Des études sont en cours pour démontrer l’utilité de soumettre les fumeurs de plus de cinquante ans à des examens annuels tels que le scanner spiralé ou l’examen cytologique de l’expectoration.
Une étude a démontré que le scanner spiralé est l’instrument le plus adapté pour identifier précocement des altérations du tissu pulmonaire et donc diagnostiquer un éventuel cancer sur des sujets à haut risque tels que les fumeurs invétérés. Au terme de l’étude, une augmentation de la survie des personnes soumises à l’examen a été constatée.
Une méta-analyse, à savoir une combinaison des résultats issus de plusieurs études cliniques, a démontré que le scanner spiralé n’abaisse pas la mortalité mais prolonge uniquement la survie, à savoir la durée de vie à compter du diagnostic (qui est évidemment effectué plus tôt) jusqu’au moment du décès qui survient plus ou moins au même moment que celui auquel il serait survenu sans le diagnostic précoce.
Au vu de ces résultats non probants, d’autres recherches sont en cours dans l’espoir de pouvoir, un jour, identifier précocement les tumeurs pulmonaires notamment celles dont la propagation est la plus lente et qui pourraient être guéries par la pratique d’une intervention chirurgicale sans perte de temps.

Le cancer du poumon peut se manifester avec les symptômes suivants :
- Toux persistante
- Infection, réfractaire au traitement, au niveau du thorax
- Essoufflement ou manque d’air
- Traces de sang dans les sécrétions par la toux
- Douleur thoracique aigüe en toussant ou en respirant profondément
- Perte d’appétit
- Perte de poids non souhaitée et importante
- Chacun de ces symptômes peut également être causé par des conditions pathologiques autres que le cancer.

Si vous présentez un de ces symptômes, consultez votre médecin traitant sans tarder pour un contrôle.



Question de Gabriele (I):
Dans le cas de l’adénocarcinome pulmonaire, peut-on déjà demander un test génétique et ainsi identifier les mutations qui favorisent le développement de la tumeur ? Si oui, où s’adresser ? Existe-t-il par conséquent un traitement génétiquement personnalisé ? Lequel ?

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Gabriele,
En théorie il serait possible d’identifier, sur une personne qui ne présente pas de symptômes de la maladie ou sur un patient affecté d’adénocarcinome pulmonaire, les éventuelles mutations génétiques qui prédisposent à l’adénocarcinome pulmonaire ou aux rechutes. Toutefois, pour l’heure, ces tests génétiques sont pratiqués exclusivement dans le cadre de la recherche et pas encore à titre de prévention secondaire (diagnostic précoce) ou la prévention tertiaire (protection des rechutes). L’objectif de ces recherches est de développer de nouveaux traitements, toujours plus ciblés et spécifiques selon les différentes typologies de cancer du poumon.

L’adénocarcinome pulmonaire est la tumeur la plus fréquente chez les personnes qui n’ont jamais fumé et est parfois due à la présence de cicatrices pulmonaires (par exemple d’anciennes infections tuberculeuses ou suite à des pleurésies). Le nombre de cas dus à des altérations génétiques est très limité. Les plus importantes sont celles qui surviennent au niveau du gène p53 ou du gène FHIT.

On pourra peut-être à l’avenir effectuer une expérimentation sur les patients de la thérapie génique qui consiste en la modification de la structure génétique de la cellule néoplasique pour muter son comportement afin d’empêcher qu’elle se multiplie de manière incontrôlée formant ainsi une masse tumorale.



Question de Claudio :
Bonjour,
Fin avril, on m’a diagnostiqué un carcinome malin au poumon (bronche). Je précise que je n’ai jamais fumé ni bu, que je suis réaliste, j’ai confiance et la mort ne me fait pas peur. Des chances de guérison pour ce type de cancer existent-elles ? Il parait qu’il s’agit de l’un des plus mauvais. Aucun résultat après 3 chimiothérapies. Je tente maintenant les comprimés de Tarceva. Le cancer est attaché (ancré) à une côte dorsale et lorsque je la touche c’est douloureux. Les antidouleurs Celebrex, atténuent la douleur qui reste toutefois toujours présente. Ce n’est pas opérable à cause des métastases. On m’a conseillé les rayons mais je n’y tiens pas vraiment car cela fonctionne pendant environ 1 an et demi – 2 ans puis on ne peut plus rien faire. Comme je vous l’ai déjà indiqué je suis réaliste et la mort ne me fait pas peur : personne n’est immortel sur cette terre. Je prépare mon testament. Je veux également créer une fondation. Je vous remercie sincèrement pour votre réponse. Bien cordialement.
Claudio

Réponse du Prof. Ochsenbein :
Bonjour Claudio,
A en juger par votre compte-rendu, il est peu probable que les traitements aient un effet curatif. Je vous souhaite de bien répondre au Tarceva et de pouvoir bénéficier d’une qualité de vie acceptable, grâce également à un contrôle médicamenteux efficace de la douleur.
Bien cordialement.



Question de Carlos:
J'ai un cancer du poumon droit à petites cellules avec ganglions le long du médiatin. J'ai subi 4 cycles de chimio avec rayons dès le 2ème cycles, plus une série de rayon en prophylaxie dans la tête. Terminé les traitements depuis 6 mois. Suis actuellement en rémission, mais souffre terriblement depuis 2 mois d'un zona. Est-ce que ce zona peut provoquer le retour de la tumeur ?

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Carlos,
Le zona est une infection virale fréquente, due au virus de l'herpès zoster, le même virus que la varicelle. Comme vous le mentionnez, les douleurs dues au zona sont intenses. Si ce n’est déjà fait, demandez à votre médecin de vous prescrire un médicament antidouleur.
Chaque personne porte en elle différents virus et bactéries qui, en situation normale, ne provoquent pas de désagréments. Par contre ils peuvent se manifester lorsque le système immunitaire est affaibli, comme c’est souvent le cas après une chimiothérapie. Chez vous, ceci a favorisé une éruption d’herpès.
Le zona ne peut pas provoquer le retour de la tumeur, mais il indique que votre système immunitaire est encore affaibli.
En espérant que ces informations vous tranquillisent, je vous souhaite persévérance et courage pour supporter au mieux cette éruption de zona.
Meilleures salutations



Question de Gabriele (II):
Cher Professeur A.Ochsenbein,
Même si de nos jours cela ne se fait peut-être plus, je souhaite vous remercier personnellement pour votre réponse concernant le test génétique. J’ai lu que la recherche s’oriente sur les mutations dans les cellules staminales, qu’en pensez-vous? Sommes-nous sur la bonne voie? Malheureusement comme toujours de gros vautours tournent autour des industries pharmaceutiques: ne nous décourageons pas, mieux vaut tenter des expérimentations pour la santé (ou le salut) de l’humanité que construire des armes pour la guerre...
Cordialement,
Gabriele

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Gabriele,
Je vous remercie pour votre amabilité.
Les cellules staminales sont une orientation prometteuse pour la recherche. Nous ne pouvons toutefois pas exclure que de futures découvertes scientifiques démentissent ou relativisent l’état actuel des connaissances.
Cordiales salutations.



Question d'asia59:
Bonjour Monsieur Ochsenbein
Le 06.09.2011, on m’a retiré tout le poumon gauche à cause d’un carcinome bronchique non micro-cellulaire. On n’a trouvé que peu de cellules cancéreuses autour du ganglion lymphatique le plus proche. Il n’y a pas de métastases. Je subis déjà actuellement une chimiothérapie adjuvante par le cisplatine (16x). Avant, je travaillais à 70%, je me suis occupée de la maison plus ou moins seule, j’ai pratiqué un sport modéré 3-4 fois par semaine. Ma question : ai-je droit à recevoir un soutien financier de quelque part (éventuellement de l‘AI?), je suis tout de même très diminuée physiquement avec un seul poumon (insuffisance respiratoire, endurance). Jusqu’à présent personne ne m’a encore expliqué vraiment ce à quoi je dois faire particulièrement attention (refroidissements, rhume, humidificateur en hiver?). Je serais heureuse d’avoir votre réponse.

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Asia59,
Une maladie cancéreuse a non seulement des répercussions sur le bien-être physique et moral, mais a souvent malheureusement aussi des conséquences sur la situation financière des patients. Vous faites bien de vous informer assez tôt pour savoir si vous avez droit à un soutien financier par ex. de l’assurance invalidité (AI) pendant ou après le traitement.
En principe les personnes ont droit à un soutien de l’AI dans les situations suivantes :
- en cas d’incapacité de travailler durant assez longtemps, du fait d’une perturbation physique, mentale ou psychique ou
- quand des personnes inactives, qui ne travailleraient pas même si leur santé n’était pas entravée, ne peuvent plus accomplir leurs activités habituelles (par ex. le ménage) pendant assez longtemps.
Cette revendication ne s’applique pas aux activités sportives ou de loisirs.
Si, du fait de votre fonction pulmonaire limitée, vous n’avez pas pu travailler pendant 30 jours d’’affilée, vous pouvez être déclarée à l’AI pour détection précoce. Lors de la détection précoce, on clarifie les mesures qui conviennent pour réinsérer professionnellement la personne inscrite ou on détermine s’il est indiqué pour elle de s’inscrire pour une prestation de l’AI. .
L’inscription pour la détection précoce peut être faite par vous-même, par l’employeur, par l’assurance d’indemnités journalières en cas de maladie, par le médecin traitant ou par vos proches.
La ligue cantonale contre le cancer de votre région vous conseille volontiers.
Une maladie cancéreuse ne donne cependant pas automatiquement droit à un soutien par l’AI ou d’autres institutions.
Pendant le traitement de chimiothérapie, il est conseillé d’éviter les personnes atteintes d’infections comme refroidissements, symptômes grippaux ou maladies gastro-intestinales. Priez ces personnes de ne pas vous rendre visite si elles sont malades et évitez dans la mesure du possible les trajets dans les moyens de transport en commun aux heures d’affluence.
D’autres mesures de précaution ne sont pas nécessaires. Les humidificateurs peuvent être une source de germes infectieux. Aérez régulièrement les pièces dans lesquelles vous vous tenez et ne surchauffez pas votre appartement. Si vous êtes fumeuse, ce serait maintenant le bon moment d‘arrêter de fumer, Evitez en tout cas les endroits où on fume. Vous protégez ainsi votre poumon sain et contribuez beaucoup à votre bien-être corporel.



Question de Max M.:
J’ai 25 ans. Au cours de ma vie j’ai fumé pendant 17 ans un demi-paquet de cigarettes par jour. Depuis 12 ans je suis non-fumeur. Mon risque d’attraper un cancer du poumon (ou un autre type de cancer?) a-t-il diminué parce que j’ai cessé de fumer? Et si oui, de combien environ par rapport à celui d’un fumeur? Merci de votre réponse, M.M.

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Max
Je vous félicite d’avoir réussi à perdre l’habitude de fumer. Douze ans d’abstinence témoignent d‘une grande disposition au changement, de volonté et de constance. Votre risque d’attraper un cancer pulmonaire ou d’autres types de cancer a de ce fait diminué, il n’y a aucun doute sur ce point. Pour que le risque de cancer pulmonaire soit le même que pour un non-fumeur, il faut à peu près 20 ans d’abstinence. Alors, tenez bon!
Selon les statistiques un fumeur a un risque relatif d’attraper un cancer pulmonaire de 10:1 par rapport à un non-fumeur. Pour les personnes qui fument 40 cigarettes par jour, ce risque s’élève à 20:1.
Arrêter de fumer présente des avantages pour la santé à court comme à long terme:
Les effets de la désaccoutumance tabagique.
Restez fidèle à votre nouveau style de vie. Cela en vaut la peine !
N’oubliez pas non plus de vous protéger du tabagisme passif. Pour les personnes exposées à la fumée passive, le risque d‘être atteint de cancer pulmonaire peut s’élever de jusqu’à 30%.



Question de K.b.:
Mon mari a malheureusement appris il y a 3 semaines qu’il a un cancer du poumon. Depuis plusieurs années il souffre d’un fort diabète. Il doit maintenant être traité par la chimiothérapie et la radiothérapie. Nous nous faisons du souci et nous nous demandons s’il y a certains médicaments qu’on ne doit pas donner en cas de diabète?
Meilleures salutations,
K.b de S.

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Madame K.b,
Vos soucis sont compréhensibles. Je suppose toutefois que le diabète de votre mari est connu de l’oncologue qui le traite. Le diabète n’est pas en principe une contre-indication pour une chimiothérapie ou une radiothérapie. Mais les médicaments chimiothérapeutiques peuvent renforcer l’effet des médicaments antidiabétiques. Il est donc important de surveiller régulièrement et étroitement le métabolisme des sucres, en plus de la formule sanguine, pendant la chimiothérapie afin de pouvoir adapter le traitement du diabète à temps si c’est nécessaire.



Question d'Uwe:
Bonjour,
ma belle-sœur a un cancer du poumon et également des métastases. Depuis 6 semaines elle prend Manju. Maintenant elle est à l’hôpital et reçoit de l’oxygène parce qu’elle respire difficilement. Peut-elle continuer à boire du jus Manju malgré tout ou cette boisson pourrait-elle rendre sa respiration encore plus difficile ?
Merci de votre réponse

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Uwe,
Je ne connais ni les ingrédients contenus dans le produit Manju que votre belle-soeur prend, ni les études scientifiques sur la tolérance de cette boisson. Je ne peux donc malheureusement pas vous donner de conseil médical à ce sujet.



Question de N.C. :
Mon père a eu un cancer du poumon, ils lui ont enlevé la tumeur au cours d’une opération, mais comme on l’a appris par la suite, il restaient encore des cellules cancéreuses dans le corps. Celles-ci se sont répandues dans la partie supérieure de l’abdomen, donc sous la gorge. Les médecins disent que la chimiothérapie n’est faite que pour qu’il n’ait pas de douleurs plus tard. Donc c’est très mauvais signe. Mon père ne sait rien de tout cela, nous ne lui avons pas dit, que devons-nous faire? Devons-nous le lui dire ou plutôt pas? Nous avons encore pensé le faire examiner à l’hôpital universitaire de Zurich, qu’en pensez-vous? Nous sommes désespérés.

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour N.C.,
Votre désespoir est compréhensible, car votre père est très malade.
C’est bien entendu à vous et à votre famille de savoir si vous voulez parler à votre père de sa maladie et comment. Il n’y a pas de règle générale valable pour cela.
Mais je suis convaincu que le patient lui-même sent que la maladie est très avancée. Peut-être voudrait-il même en parler, mais n’ose pas. Il sent peut-être aussi votre désespoir et votre angoisse, Souvent le patient et ses proches veulent se ménager mutuellement. Chacun souffre tout seul et bien des choses ne sont pas dites. Un temps précieux, au cours duquel on aurait encore pu clarifier les choses, reste inutilisé. Je trouve cela dommage.
Rechercher une deuxième opinion peut être utile et peut apporter un changement de traitement. Mais cela peut aussi contribuer à confirmer le concept thérapeutique déjà commencé et donc renforcer la confiance.
Si votre père est d’accord de rechercher un deuxième avis dans un autre hôpital, priez alors le médecin traitant de transmettre les documents nécessaires (résultats des examens, diagnostic, tableau clinique etc.). Cela évite de faire deux fois les mêmes examens, ce qui représenterait un stress inutile pour votre père.
.


D’autres questions et réponses suivront d’ici peut de temps.

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