2014 - cancer de l'intestin

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2014 - cancer de l'intestin

Messagepar admin » jeu. 27 févr. 2014 13:55

Le Professeur Dr. méd. Urs Marbet, spécialiste du cancer du colon, de l'hôpital cantonal de Uri, répond à vos questions:


Ces réponses correspondent à une prise de position générale. Elles ne remplacent pas les conseils personnalisés d’un médecin spécialiste. Les noms de médecins, établissements de traitement et produits ne sont pas cités dans un but publicitaire ni de recommandation. Ils se bornent à indiquer des sources d’information.

Quelques questions et réponses ont été traduites dans une autre langue nationale. Si vous avez des questions complémentaires, veuillez vous adresser aux conseillères spécialisées de la Ligne InfoCancer, au numéro gratuit 0800 11 88 11, ou par e-mail à helpline@krebsliga.ch.



Question d’Erika:
Monsieur le Dr Marbet,
Atteinte d’un cancer du côlon, ma meilleure amie âgée de 46 ans a déjà des métastases dans l’intestin grêle et dans les os. Comment fonctionne l’immunothérapie et où peut-on faire ce type de traitement? Quelles sont les chances de guérison? Je suis désespérée. J’attends votre réponse avec impatience!


Réponse du Prof. Marbet:
Bonjour Erika,
Je comprends très bien votre désespoir. Votre amie a un cancer de l’intestin qui a déjà atteint un stade avancé alors qu’elle est encore très jeune. S’il y a des métastases osseuses, la situation est en effet grave, mais nous voyons souvent des patients réagir étonnamment bien à de nouvelles thérapies. La description que vous donnez ne permet pas de livrer un pronostic exact, car de nombreux facteurs peuvent jouer un rôle ; en général, il faut d’abord voir comment le patient répond au traitement.

Dans le traitement des tumeurs, on distingue différentes formes «d’immunothérapie». Ce terme peut désigner un traitement visant à soutenir le système immunitaire en général. Les interférons et les interleukines se classent parmi les substances qui stimulent les défenses de l’organisme de façon non spécifique. Mais l’alimentation et une attitude positive peuvent également renforcer le système immunitaire. Il n’existe malheureusement pas de médicament idéal qui agisse sur toutes les tumeurs.
Certaines formes de cancer arrivent à rendre leurs cellules invisibles et insensibles aux tentatives de défense du système immunitaire. De nouvelles thérapies permettent en partie de repérer ce camouflage; le système immunitaire peut alors reprendre le contrôle de la croissance de la tumeur et cette dernière ne peut plus continuer à grandir. On utilise ce type d’immunothérapie dans le traitement du mélanome par exemple.
Pour ce qui est du cancer de l’intestin, l’immunothérapie désigne avant tout le traitement par anticorps. Ces anticorps en partie hautement spécifiques (monoclonaux), produits en laboratoire, vont se fixer de manière sélective sur des cibles bien précises à la surface des cellules cancéreuses, à l’image d’une clé qui trouve sa serrure: soit ces cibles n’existent que sur les cellules tumorales, soit il y en a beaucoup plus sur les cancéreuses que sur les autres. L’une de ces cibles est le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR, de l’anglais Epidermal Growth Factor Receptor), qui peut réguler la croissance de la tumeur. Il est en partie possible de tester si ce récepteur peut être attaqué chez un patient et si une thérapie ciblée à base d’anticorps a des chances d’être efficace chez lui. Un tel traitement peut empêcher les cellules cancéreuses de se diviser ou de provoquer leur mort. Un autre anticorps cible la formation des vaisseaux sanguins. Il peut bloquer l’irrigation de la tumeur et entraîner sa mort. Ces anticorps sont souvent associés à d’autres médicaments contre le cancer. Dans le cas du cancer de l’intestin, il est généralement possible d’effectuer un traitement à base d’anticorps ou une immunothérapie sous forme ambulatoire dans un hôpital qui a un service d’oncologie ou une consultation d’oncologie spécialisée.

Vous trouverez des informations sur le traitement par anticorps lors de cancers de l’intestin dans la brochure de la Ligue suisse contre le cancer
Le cancer du côlon et du rectum ou l’immunothérapie en général dans la brochure Les traitements médicamenteux des cancers

Espérons que l’on trouve une thérapie efficace pour votre amie. Peut-être la brochure de la Ligue suisse contre le cancer Accompagner un proche atteint de cancer vous donnera-t-elle aussi des idées pour soutenir et accompagner votre amie dans ces moments difficiles et pour ne pas vous laisser dépasser par la situation.


Question de Coco:
Un cancer du rectum a été diagnostiqué chez mon père, âgé de 85 ans. Pendant six semaines, il a eu une radiothérapie et une chimiothérapie, qu’il a très bien supportées. Au scanner, on ne voit pratiquement plus la tumeur. Mon père doit néanmoins se faire opérer. L’intervention semble très compliquée techniquement. En même temps, le chirurgien aimerait l’opérer d’une hernie inguinale non diagnostiquée antérieurement et enlever le caecum à titre préventif. Je me demande si c’est vraiment judicieux à cet âge. Actuellement, mon père va bien et il est parfaitement autonome. Je peux imaginer qu’une opération de cette ampleur va lui porter un sérieux coup. Par ailleurs, une dérivation intestinale devra être pratiquée provisoirement, voire définitivement, ce qui diminuerait également sa qualité de vie. Ne vaudrait-il pas mieux attendre pour voir si la tumeur revient ou respectivement si elle se remet à croître, ou cela est-il trop risqué? Merci de votre réponse.

Réponse du Prof. Marbet:
Bonjour Coco,
Votre père a bien supporté la première partie du traitement – la chimiothérapie et la radiothérapie – malgré son âge et, comme vous l’écrivez, il a également très bien réagi au traitement.
Il est indispensable de réduire au préalable la taille de la tumeur pour pouvoir l’éliminer au cours d’une intervention et éventuellement préserver le sphincter. L’opération permet aussi d’empêcher que la tumeur ne recommence à s’étendre localement dans le rectum et d’éviter ainsi qu’elle ne provoque une occlusion intestinale ou ne se dissémine dans l’organisme pour former des métastases.
Vos craintes et vos questions concernant l’opération prévue sont compréhensibles. Le risque que l’opération porte atteinte, du moins passagèrement, à la qualité de vie et à l’autonomie de votre père, est bien réel, compte tenu notamment de son âge avancé. Il est également possible de devoir laisser la dérivation intestinale. Mais le fait d’attendre entraîne un risque considérable. Sans opération, Il est à craindre que la tumeur ne se remette à croître rapidement et puisse alors s’infiltrer dans le tissu environnant. Votre père pourrait alors ressentir des douleurs considérables et voir sa qualité de vie encore plus diminuée. Le fait que votre père a bien réagi au traitement préalable et qu’il l’ait supporté sans problème est, à mes yeux, un signe positif. Il indique que la tumeur peut être extirpée avec succès et que votre père peut passer les années qui lui restent avec une bonne qualité de vie malgré son cancer de l’intestin.

Que pense votre père de l’opération prévue? Avez-vous la possibilité de discuter avec le médecin traitant pour lui faire part de vos interrogations et de vos craintes et pour aborder aussi le risque lié à l’attente, éventuellement aussi avec votre père et avec vos parents?



Question d’Angst:
Bonjour,
Plusieurs membres de ma famille ont un cancer de l’intestin et je me demande pourquoi. Est-ce une question d’alimentation? D’environnement? De stress? En plus des mesures de prévention recommandées, que puis-je faire pour me protéger de la maladie?
Cordiales salutations,
R.F.

Réponse du Prof. Marbet:
Bonjour Angst,
En Suisse, on dénombre chaque année plus de 4000 nouveaux cas de cancer du côlon et du rectum. Dans certains cas, effectivement, des familles entières sont touchées. Dans ces formes de cancer héréditaires, le père ou la mère, les frères et sœurs et les grands-parents sont déjà touchés. Souvent, on observe un grave dysfonctionnement au niveau des défenses contre les tumeurs. Heureusement, ces cas sont très rares. Mais chez d’autres personnes, des facteurs génétiques jouent aussi un rôle dans plus de 10% des cas. Le risque est notamment accru lorsque des parents au premier degré ont eu un cancer de l’intestin à un âge précoce, c’est-à-dire avant 60 ans. Il est probable que des modifications génétiques au niveau de la muqueuse intestinale jouent un rôle. Lorsqu’on observe une accumulation de tumeurs dans la parenté plus éloignée, cela n’est pas forcément dû à des raisons génétiques. Cette accumulation peut être le fruit du hasard, les tumeurs apparaissant à la suite de mutations génétiques indépendantes les unes des autres. Des facteurs environnementaux peuvent également favoriser la survenue de ces cancers, car les personnes de la même famille ont souvent un mode de vie similaire.

Dépistage
Les personnes chez qui on soupçonne une prédisposition au cancer devraient miser sur le dépistage: des contrôles réguliers permettent de déceler d’éventuelles tumeurs à un stade précoce, ce qui peut améliorer les chances de traitement et de survie.

Le risque de cancer de l’intestin est accru dans les cas suivants:
- cancer de l’intestin ou polypes intestinaux chez les parents ou les frères et sœurs à un âge précoce;
- antécédents personnels de polypes de l’intestin;
- maladie inflammatoire chronique de l‘intestin.

Les personnes qui présentent un ou plusieurs de ces facteurs de risque devraient discuter avec leur médecin pour voir à partir de quand commencer le dépistage. Chez elles, la méthode la plus judicieuse est clairement la coloscopie.

D’une façon générale, le risque de cancer de l’intestin augmente à partir de 50 ans. Le dépistage est donc conseillé à tout un chacun dès cet âge-là. Discutez avec votre médecin des possibilités de dépistage et faites-vous conseiller sur les différentes méthodes d’examen.

Reconnaître les symptômes
Consultez un médecin en présence des symptômes suivants:
- du sang dans les selles
- des troubles du transit intestinal
- une perte de poids inexpliquée
- un faux besoin d’aller à selle
- des douleurs abdominales inconnues et persistantes

Vivre sainement
Que pouvez-vous faire sinon pour réduire votre risque de cancer? Une bonne hygiène de vie réduit le risque de cancer de l’intestin. Les principales mesures à prendre sont les suivantes

> Ne pas fumer représente un facteur décisif

> Faire beaucoup d’exercice. Il est recommandé de pratiquer trois fois par semaine pendant environ 30 minutes une activité physique qui entraîne une légère transpiration.

> Manger des fruits et des légumes si possible plusieurs fois par jour et limiter sa consommation de viande rouge ; préférer les aliments naturels aux produits transformés ;

> Eviter le surpoids;

> Modérer sa consommation d’alcool;

Pour en savoir plus, consultez les
publications de la Ligue contre le cancer; vous pouvez les commander en ligne ou les télécharger.


Question d'abba:
Quand et pour quelle forme de cancer de l’intestin faut-il nécessairement pratiquer une stomie? Les personnes de 50 ans et plus sont-elles particulièrement à risque?
Merci beaucoup.

Réponse du Prof. Marbet:
Bonjour abba,
L’âge n’a rien à voir avec la pose d’une dérivation intestinale. Ce qui est déterminant, c’est l’endroit où le cancer de l’intestin est apparu et si la tumeur peut être enlevée sans que l’on doive procéder à l’ablation du sphincter. Dans des cas isolés, on pratique uniquement une dérivation intestinale provisoire (stomie de protection), par exemple lorsque la suture de l’intestin (anastomose) est très proche du sphincter ou lorsqu’il y a une infection. Cette stomie de protection vise à permettre à la plaie de bien cicatriser. Elle peut ensuite être refermée. A l’heure actuelle, on peut de plus en plus souvent opérer les tumeurs du rectum sans toucher au sphincter, de sorte que la nécessité d’une stomie se fait de plus en plus rare. Mais si la tumeur est située très près du sphincter, il est possible qu’il faille enlever celui-ci pour éviter une propagation du cancer.



Question de Concetta:
Bonjour,
Âgée de 89 ans, ma mère a depuis 2007 une colostomie (double) du côté gauche, en haut. En 2012, un polype a de nouveau dégénéré et a dû être enlevé. Au cours de l’intervention, le médecin a retiré un gros segment du côlon (à partir du caecum vers le haut; la partie restante a été reliée à l’intestin grêle). La stomie a été laissée en place. Ma mère a également eu plusieurs hernies et elle a un «filet» dans le ventre. Depuis deux mois, elle se plaint de douleurs diffuses dans l’abdomen. Le scanner n’a rien révélé de particulier (ce que je trouve bizarre?), mais le médecin de famille a constaté une petite hernie au niveau du nombril. Il estime qu’il n’est pas nécessaire de l’opérer. Quels symptômes provoque une hernie cicatricielle? Ma mère n’aimerait pas – c’est compréhensible – subir encore une narcose complète. Mais les tiraillements diffus qu’elle ressent du côté droit sont un peu pénibles. Peut-être s’agit-il aussi de troubles liés à la cicatrice? En présence d’une hernie cicatricielle, faut-il craindre une occlusion intestinale si on ne fait rien?

Réponse du Prof. Marbet:
Bonjour Concetta,
Votre mère a manifestement traversé une longue série de problèmes, avec un cancer de l’intestin en 2007 qui a entraîné une double colostomie et un nouveau cancer de l’intestin visiblement décelé à un stade précoce en 2012, qui a été éliminé par voie chirurgicale ou endoscopique. Depuis deux mois, votre mère souffre à nouveau de troubles qui sont certainement pénibles et inquiétants en raison de ses antécédents.

Ces nouveaux troubles peuvent avoir différentes causes et devraient être tirés au clair, du moins en partie. La raison la plus fréquente est très certainement la présence d’adhérences susceptibles d’entraîner des douleurs ou d’entraver le passage des selles. Il est souvent difficile d’évaluer l’importance de ces adhérences, car tous les patients en ont après de telles opérations. Celles-ci posent avant tout problème lorsqu’elles gênent le transport des selles. Cela ne semble pas être le cas chez votre mère, car le scanner n’a pas mis d’anomalie en évidence.
Ce que votre mère redoute peut-être le plus, c’est d’avoir de nouveau un cancer. Si sa dernière opération remonte à 2012, cela devrait certainement être vérifié au moyen d’une coloscopie, surtout si le polype qui a dégénéré a été éliminé par voie endoscopique. Le fait que le scanner n’ait «rien» révélé signifie que l’on n’a pas vu de métastases ni de tumeur dans le voisinage de l’intestin, ce qui est plutôt positif. Avec un scanner normal, toutefois, on voit mal l’intérieur de l’intestin.
D’autres facteurs peuvent être à l’origine de troubles de ce type, comme une prolifération de bactéries provenant des segments d’intestin éliminés, des infections intestinales, des inflammations, des troubles de l’irrigation sanguine ou des troubles fonctionnels. Un grand nombre de ces causes peuvent être traitées. Par ailleurs, ces douleurs peuvent avoir leur origine dans le dos ou les reins. Je pense qu’il serait bon que le médecin de famille adresse éventuellement votre mère à un spécialiste de l’intestin.
Les hernies peuvent parfois occasionner des douleurs, mais c’est plutôt rare. Les hernies ombilicales entraînent rarement des problèmes de transit, et celle de votre mère est sans doute là depuis longtemps. Les hernies cicatricielles résultent généralement d’un élargissement ou d’une faiblesse au niveau de la cicatrice d’une opération; elles peuvent entraîner des protubérances inesthétiques sur l’abdomen. Mais il est rare qu’elles occasionnent des troubles, pincent l’intestin et entraînent une occlusion intestinale. De ce fait, il est rare qu’on les opère, d’autant plus qu’il s’agirait d’une intervention importante. Parfois, il est possible de remettre en place les anses intestinales qui sont sorties de leur cavité normale par des massages doux. Enfin, il existe aussi des hernies internes qui sont difficiles à diagnostiquer. Par chance, ces problèmes sont rares.
Comme vous le voyez, il est difficile de prodiguer des conseils en se basant uniquement sur l’anamnèse. Je suis toutefois d’accord avec vous pour dire qu’il faudrait chercher la cause de ces douleurs, d’autant plus qu’une opération n’est pas forcément nécessaire. Allez voir un spécialiste avec votre mère ; il pourra, je l’espère, vous aider.



Question de Chicago:
Il y a peu, le médecin a procédé à l’ablation d’une tumeur maligne du côlon chez mon père (84 ans). Avons-nous (ses enfants) un risque accru de cancer du côlon et devrions-nous faire des examens à titre préventif?

Réponse du Prof. Marbet:
Bonjour Chicago,
Les parents au premier degré (père, mère, frères et sœurs ou enfants) ont effectivement un risque accru de développer eux aussi un cancer du côlon. Ce risque est d’autant plus grand que le parent en question a eu son cancer jeune, notamment avant l’âge de 50 ans. Par chance, ce n’est pas le cas chez votre père. Je recommande néanmoins, en raison de cet antécédent familial, que vous et vos frères et sœurs fassiez une coloscopie.
En matière de prévention du cancer de l’intestin, les spécialistes recommandent d’effectuer une première coloscopie à 50 ans environ pour déceler d’éventuels stades précurseurs du cancer (polypes). La coloscopie permet non seulement de déceler un cancer plus tôt, mais aussi d’éliminer les polypes et d’empêcher ainsi l’apparition d’un cancer.
Le Département fédéral de l’intérieur a élargi la prise en charge des coûts des examens de dépistage du cancer. Depuis le 1er juillet 2013, la coloscopie est remboursée par l’assurance de base chez les personnes de 50 à 69 ans.
Ce lien vous oriente vers des informations complémentaires de la Ligue suisse contre le cancer sur le dépistage du cancer de l’intestin.


Question d'ia:
Bonjour,
J’ai eu une coloscopie il y a sept ans. Tout était en ordre, sauf que j’ai un côlon irritable. On m’a dit que je devrais refaire une coloscopie dans dix ans. J’ai aussi eu une légère inflammation de l’intestin, mais le problème est réglé à présent.

Question de stern:
Il y a sept ans, j’ai fait une coloscopie et tout était en ordre, sauf que j’ai un côlon irritable. Quand me conseilleriez-vous de refaire une coloscopie? J’ai eu récemment une légère inflammation de l’intestin.

Réponse du Prof. Marbet:
Bonjour ia,
Bonjour stern,
La coloscopie que vous avez faite il y a sept ans n’a pas révélé d’anomalie c’est pourquoi on vous a dit que vous aviez un côlon irritable et que vous ne deviez pas vous faire de souci. Dans la mesure où vous ne présentez pas de troubles ni aucun des symptômes ci-dessous, vous pouvez attendre tranquillement et faire la prochaine coloscopie dans trois ans. Lors d’une coloscopie normale, il est tout à fait habituel d’attendre dix ans avant de refaire un contrôle.

Si vous présentez un ou plusieurs des symptômes ci-après, nous vous recommandons de vous adresser à un médecin sans attendre:

- une perte de poids inexpliquée;
- du sang dans les selles ou une anémie;
- des douleurs abdominales inconnues et persistantes;
- un changement dans vos habitudes de défécation, par exemple une diarrhée alors que vous étiez toujours constipé ou vice-versa.

Ces troubles doivent être tirés au clair. Vous devriez également aborder la question du dépistage avec votre médecin s’il y a une accumulation de cancers de l’intestin dans votre famille.



Question de Tochter86:
Mon père a un cancer de l’intestin. Malheureusement, il a déjà des métastases dans le poumon et dans le foie. Son médecin parle de RAS de type sauvage. Qu’est-ce que cela signifie? Est-ce bon ou mauvais signe? Le médecin a dit à mon père que cela a une influence sur le traitement qu’il recevra. De quel traitement s’agit-il?


Réponse du Prof. Marbet:
Bonjour Tochter86,
En oncologie, on utilise aujourd’hui toute une série de biomarqueurs prédictifs pour choisir le traitement. Les biomarqueurs prédictifs sont des substances que l’on peut mesurer dans l’organisme et qui donnent des indications sur le type de thérapie ciblée dont un patient pourrait profiter.

Le K RAS et un facteur important qui peut influencer la croissance cellulaire. Il joue de ce fait un rôle dans l’apparition et la croissance du cancer. Ces dernières années, on a constaté que les patients répondent de manière différente aux substances qui visent à inhiber la croissance du cancer en bloquant le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR) selon qu’ils ont ce facteur K Ras sous sa forme primitive (type sauvage) ou mutée (avec une séquence chimique modifiée). La probabilité qu’un patient réponde à un traitement par anticorps ciblant l’EGFR est beaucoup plus élevée si le K RAS est de type sauvage. Le Panitumumab et le Cetuximab font partie des médicaments utilisés. Il est toutefois impossible de dire avec certitude si la thérapie sera efficace.

Adressez-vous à votre médecin traitant sans hésiter si vous avez besoin d’éclaircissements. C’est la personne la plus à même de vous expliquer la thérapie choisie pour votre père.

Si vous vous sentez déstabilisée parce que vous avez peur pour un être qui vous est cher, les conseillères de la Ligne InfoCancer (tél. 0800 11 88 11) peuvent également vous soutenir.



Question d'Ursi:
Monsieur le Prof. Marbet,
En janvier 2013, alors que j’avais tout juste 51 ans, on m’a opéré d’un adénocarcinome du rectum proximal (pT3 pN1a (1/26) cMO, LO V1 G2 R0). Ensuite, j’ai eu 1/2 chimiothérapie (Oxaliplatine, Capécitabine). Début septembre 2013, la stomie a été fermée. Les contrôles réalisés selon les recommandations de la SSG ont, selon les médecins, donné des résultats très satisfaisants. Les prochains contrôles sont prévus en juillet. Malheureusement, j’ai encore 4 à 6 selles par jour totalement irrégulières malgré la prise de Metamucil ou de Colosan mite (environ un par jour). J’évite les mets qui entraînent des ballonnements, les crudités et l’eau minérale gazeuse. J’ai souvent des ballonnements et des vents qui sentent très mauvais. Puis-je faire quelque chose de plus pour mieux régulariser ma digestion ou faut-il simplement du temps? D’après mes médecins, c’est les deux premières années que le risque de récidive est le plus élevé (environ 80% de toutes les récidives). Qu’en est-il d’éventuelles métastases dans le foie et les poumons? Merci!

Réponse du Prof. Marbet:
Bonjour Ursi,
Je suis heureux que la fermeture de la stomie ait été une réussite. L’opération pratiquée sur le rectum entraîne une modification de l’angle par rapport à la portion d’intestin supérieure, ce qui a de l’importance pour la vidange de l’intestin. Par ailleurs, le côlon a été raccourci. A cela s’ajoute le fait que l’opération et les thérapies complémentaires ont modifié la composition de la flore intestinale. Tous ces éléments peuvent entraîner des selles peut-être un peu moins épaisses ou un besoin d’aller à la selle plus fréquent. Avez-vous subi une radiothérapie avant l’opération? Ce traitement peut également influencer la motilité intestinale. Enfin, il arrive que la chimiothérapie provoque également des troubles du transit intestinal.

Sur le plan de l’alimentation, optez plutôt pour des aliments qui constipent. Vous renoncez déjà aux aliments qui ballonnent et aux boissons gazeuses. Si cela ne suffit pas, des probiotiques ou un régime pauvre en aliments fermentescibles (FODMAP) peuvent s’avérer utiles. Essayez peut-être aussi de noter pendant deux semaines ce que vous mangez, à quel moment et consignez les réactions que vous observez. Peut-être aurez-vous ainsi d’autres indications pour améliorer votre digestion.
En cas de selles liquides gênantes, le Metamucil et le Colosan peuvent être remplacés par de la gomme de guar soluble (Benefiber, Optifibre), qui freine davantage le transport des selles que les autres agents gonflants. En cas de diarrhée sévère, on peut éventuellement essayer le Lopéramide (Imodium). Mais il est fréquent que les personnes souffrent ensuite d’une constipation incommodante. L’Imodium sous forme liquide peut être plus faiblement dosé. Discutez-en avec votre médecin de famille. Il faut peut-être aussi rechercher d’autres causes comme la bactérie clostridium ou des parasites dans les selles. Une endoscopie du rectum permet parfois de tirer les choses au clair. Conformément aux recommandations de la SSG, vous avez déjà eu une coloscopie de contrôle après un an.

Je préfère ne pas donner de période précise pour les récidives, mais je comprends vos craintes. C’est durant les premières années qui suivent le traitement que le risque de récidive est le plus grand. La réapparition du cancer à l’anastomose (jonction des parties d’intestin en dessus et en dessous de la tumeur) est surtout fréquente au cours des deux premières années, puis le risque diminue très nettement. Les récidives dans le voisinage de l’endroit opéré sont elles aussi toujours plus rares. Les métastases touchent en premier lieu, comme vous l’écrivez, le foie et le poumon. Mais d’autres organes peuvent être atteints. Ces métastases peuvent aussi survenir plus tard, mais elles sont très rares après plus de cinq ans. Le risque dépend notamment de l’extension de la tumeur au moment du diagnostic, de la localisation de la tumeur primaire et de son agressivité. Un suivi régulier revêt par conséquent une importance primordiale dans le cas du cancer colorectal pour déceler le plus tôt possible d’éventuelles récidives afin d’engager un traitement curatif (à des fins de guérison).

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