2010 - Cancer du poumon

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2010 - Cancer du poumon

Messagepar admin » mar. 9 nov. 2010 13:54

Le Professeur Adrian Ochsenbein, de l’hôpital de l’Ile à Berne, spécialiste du cancer du poumon, répond à vos questions:


Ces réponses correspondent à une prise de position générale. Elles ne remplacent pas les conseils personnalisés d’un médecin spécialiste. Les noms de médecins, établissements de traitement et produits ne sont pas cités dans un but publicitaire ni de recommandation. Ils se bornent à indiquer des sources d’information.

Quelques questions et réponses ont été traduites dans une autre langue nationale. Si vous avez des questions complémentaires, veuillez vous adresser aux conseillères spécialisées de la Ligne InfoCancer, au numéro gratuit 0800 11 88 11, ou par e-mail à helpline@krebsliga.ch.



Question de Nicole W.:
Monsieur le Professeur,
Depuis quelques années, la fumée de cigarette, les produits de nettoyage et certains parfums vaporisateurs paraissent agresser ma respiration et me sont devenus insupportables, est-ce le signe d'une intolérance ou d'un mal sournois logé dans mes poumons ? Je vous remercie pour votre attention Monsieur le Professeur.

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Nicole,
Merci pour votre question. Selon votre description, vous nous énumérez des facteurs qui semblent agresser votre respiration. Les produits que vous mentionnez contiennent des substances irritantes, certains même des substances agressives et toxiques, pour les voies respiratoires. Une certaine réaction, face à ces produits, est normale. Que se passe-t-il lorsque vous entrez en contact avec ces facteurs ? Avez-vous de la peine à inspirer ou à expirer, ou ne pouvez-vous plus respirer, vous mettez-vous à tousser, avez-vous le sentiment d’étouffer ? Ressentez-vous des douleurs ? A quel niveau ? Observez votre réaction respiratoire lorsque vous entrez en contact avec les matières susmentionnées et allez trouver votre médecin afin de lui faire part de vos observations.



Question de nono:
Bonjour,
ma maman est décédée à 47 ans d'un cancer du poumon à petite cellule, elle fumait, mon grand Papa maternel d'un cancer du poumon (à grande cellule, il me semble) à 60 ans (Il était maçon et fumait un peu). Est-il vrai qu'il existe un gêne familial qui prédisposerait plus certaines familles ? Je me souviens plus du nom du gêne. Je suis inquiète. Je ne fume pas. Existe t'il un test de dépistage du gêne.

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour nono,
Votre maman et votre grand-papa sont mort d’un cancer du poumon. Les deux étaient des fumeurs et ils ont souffert d’une sorte différente de cancer du poumon.
Il est tout à fait compréhensible que cela vous inquiète, et vous demandez, si une modification génétique prédisposerait d’avantage certaines familles.
En effet, on sait, qu’il y a par exemple plusieurs variantes du gène CYP3A4 qui peuvent augmenter le risque de cancer du poumon chez les fumeurs. De même avec le cytochrome P450. Il participe à des processus très compliqués dans la cellule et il a la capacité de transformer des substances dans la fumée du tabac en substances cancérigènes.
Donc, on sait aujourd’hui que certaines prédispositions génétiques peuvent accélérer l’accumulation des mutations cancérigènes et ainsi favoriser le développement d’un cancer du poumon chez les fumeurs. Mais pour l’instant, ces mécanismes sont encore des sujets de recherche.
L’accumulation de cancers des poumons dans certaines familles peut donc être due à une modification génétique, mais aussi au mode de vie qui est souvent transmis d’une génération à l’autre. Je pense surtout au tabagisme actif et passif.

Car le tabagisme est le principal facteur de risque de cancer du poumon: à lui seul il est à l’origine d’environ 90% de toutes les maladies liées à ce cancer. L’âge constitue également un risque et on peut observer une nette augmentation des nouveaux cancers du poumon à partir de 50 ans.
Ne jamais commencer à fumer ou arrêter de fumer le plus vite possible, est la mesure la plus importante dans la prévention du cancer du poumon. Vous trouverez plus d’informations sur le site web de la ligue suisse contre le cancer
prévention du cancer du poumon ainsi que dans la brochure Le cancer du poumon.

Aujourd’hui des tests génétiques sont encore déconseillés car ils n’ont pas de conséquences thérapeutiques.


Question de Claudia:
J'ai 43 ans et ne fume pas. Il m'arrive d'entendre un sifflement lorsque je respire, je tousse le matin. Ceci depuis que j'ai fait une pneumonie il y a deux ans que j'ai soigné avec un antibiotique que mon médecin m'a prescrit. Me conseilleriez-vous de consulter?

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Claudia,
Selon votre description d’une toux matinale et d’un sifflement respiratoire, ceci depuis deux ans après une pneumonie, je vous conseille d’aller rapidement voir un médecin. Ces signes peuvent être révélateurs ou anodins. Mais, pour en être sûr, il est préférable d’aller consulter.



Question de Mike:
Dr. Ochsenbein,
J’hésite à prendre un deuxième avis médical. En effet, il y a quelques temps, j’ai subi une ablation partielle du lobe pulmonaire gauche. Contrairement à moi, une de mes connaissances a suivi une chimiothérapie après son opération. D’un côté, je suis soulagé car je connais les effets secondaires de ce traitement, mais d’un autre côté, je m’inquiète et je me pose beaucoup de questions car la taille de la tumeur était importante. Je me demande comment les médecins peuvent être sûrs que je n’ai pas besoin de chimiothérapie ?

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Mike,
Votre inquiétude est tout à fait compréhensible et un deuxième avis pourrait probablement vous être utile. Pour lors, vous serez peut-être rassuré de savoir que le choix de la thérapie ne dépend qu’en partie de la taille de la tumeur et du degré d’atteinte des ganglions lymphatiques.

Les caractéristiques des cellules tumorales - comme par exemple le stade et le degré de malignité - mais également l’état de santé général du patient et son état d’esprit sont autant de paramètres importants dans le choix du traitement. Le degré de malignité d’une tumeur fournit des renseignements sur la rapidité prévisible de son évolution.

Qui plus est, on peut partir du principe qu’en règle générale le traitement n’est pas décidé par un seul médecin, mais qu’il résulte d’une commission interdisciplinaire formée de divers spécialistes (pneumologue, oncologue, radiologue, radiothérapeute, etc.). Dans les cas complexes, lorsqu’il n’est pas évident de déterminer quel plan thérapeutique est médicalement le plus approprié, des spécialistes reconnus dans divers centres de compétences se réunissent lors de sessions d’analyse et de discussion appelées « tumor board ».

Donc, avant de proposer un plan thérapeutique à un patient, les cellules tumorales sont analysées pour déterminer précisément le type de tumeur. Il existe en effet plusieurs sous-types de cancer du poumon. En fonction du diagnostic cyto-histologique, on opte pour la thérapie qui offre les meilleurs résultats en termes d’espérance et de qualité de vie. Des directives internationales ont été élaborées pour le traitement des différentes typologies de cancer. Mais chaque patient est évidemment unique. C’est pourquoi il est indispensable de trouver une solution consensuelle pour chaque cas après avoir consciencieusement mis dans la balance l’effet thérapeutique escompté et les réactions secondaires probables.

Si vous choisissez de prendre un deuxième avis, les conseillers et conseillères de la ligne InfoCancer (0800 11 88 11) se tiennent à votre entière disposition pour vous communiquer l’adresse d’un centre de compétence en oncologie.



Question de berti:
Mon père de 70 ans est atteint d’un carcinome non à petites cellules peu différencié de type spinocellulaire dans le lobe supérieur du poumon droit au stade 3A, et d’un autre carcinome non différencié (car trop petit, 5 mm), dans le lobe inférieure du poumon gauche. Dû à la présence de ce deuxième nodule, lors d’une première et d’une deuxième session du « tumor board », les spécialistes ont jugé trop risqué l’ablation du lobe droit. Deux avis différents nous ont été exposés pour la thérapie.
Le premier avis propose une radiothérapie directe sur le site de la tumeur pour ventiler le poumon droit et empêcher une inflammation bactérienne derrière la tumeur. Pas de chimiothérapie donc car ce type de tumeur ne répondrait pas suffisamment à cette thérapie.
Le deuxième avis pense qu’une radiothérapie exposerait une trop grande surface de tissu aux rayons et qu’il serait donc préférable de commencer par une chimiothérapie. Le traitement choisi nous sera indiqué demain.
Qu’en pensez-vous ? Radiothérapie ou chimiothérapie ?

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour berti,
Je comprends que ces deux propositions différentes de traitement vous préoccupent.
Un carcinome spinocellulaire non à petites cellules de stade IIIA signifie que la tumeur est localement avancée. Cela signifie également que si pour l’instant les métastases ne se sont pas formées à distance, en revanche, les ganglions lymphatiques dans l’espace situé entre les deux lobes pulmonaires sont bien souvent déjà atteints. Si une opération est à exclure (notamment en raison de la fonction pulmonaire), une combinaison entre radiothérapie et chimiothérapie est à envisager. C’est ce que préconisent les directives internationales. Les traitements sont proposés individuellement, selon la situation et l’état de santé du patient. Dans ma réponse à Mike, vous trouverez de plus amples informations sur les paramètres pris en considération dans le choix du traitement. Le médecin de votre père est le seul à pouvoir vous dire quelle thérapie est la mieux adaptée à sa situation et vous expliquer pourquoi.



Question de schneuel:
Mon père a une tumeur de 3,5 cm sur le lobe pulmonaire inférieur gauche et une tumeur importante (6 x 6 cm) sur le lobe supérieur droit. Nous savons à présent qu’il présente également des métastases sur les ganglions lymphatiques. T3N3M1, stade 4. Quelles sont selon vous, ses chances de guérison ? Je souhaiterais vraiment pouvoir en discuter avec vous.

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour schneuel,
Votre père souffre d’un cancer du poumon étendu avec métastases et atteinte des ganglions lymphatiques. Il est tout à fait normal, que vous vous inquiétiez quant à son avenir.

L’extension d’une tumeur est déterminée par la méthode de classification TNM.
Le T désigne la taille de la tumeur.
T3 signifie donc que la tumeur s’étend à la paroi thoracique, à la plèvre ou au diaphragme ou a évolué à l’intérieur d’une des bronches pédiculaires principales.

Le N désigne les ganglions lymphatiques. N3 signifie donc que des ganglions lymphatiques de l’autre lobe pulmonaire ou des ganglions lymphatiques plus éloignés ont été atteints.
Le M désigne la présence de métastases à distance. M1 signifie que d’autres organes sont touchés (généralement le foie, les surrénales, les os, le cerveau ou les reins), ou que des métastases apparaissent dans les lobes pulmonaires non affectés par la tumeur primaire.

Le type cellulaire est un autre paramètre à prendre en considération. On différencie principalement deux types de tumeurs: le carcinome bronchique non à petites cellules et le carcinome bronchique à petites cellules. Selon leur type, soit les carcinomes bronchiques évoluent rapidement et de manière agressive et répondent généralement bien à la chimiothérapie, soit ils évoluent lentement et dans ce cas répondent moins bien à la chimiothérapie.

Le stade IV désigne la présence de métastases et signifie que la tumeur s’est donc très largement étendue, comme évoqué précédemment. À ce stade, une guérison ne peut plus être envisagée. Dans ce cas, le traitement a un objectif palliatif afin de stabiliser, au possible, l’évolution de la maladie et d’en soulager les symptômes.

L’oncologue de votre père est le seul à pouvoir vous expliquer précisément la situation et de vous renseigner sur les thérapies à envisager.



Question de berti (question 2):
Mon père devrait-il se faire vacciner contre la grippe alors qu’il est sous chimiothérapie par cisplatine et gemcitabine? Une vaccination pourrait-elle être contre-productive ? Les médecins ne nous ont pas fourni d’explications claires jusqu’ici. Il est atteint d’un carcinome bronchique peu différencié de stade 3A sur le lobe pulmonaire droit de type spinocellulaire, et d’un nodule non encore différencié sur le lobe gauche. Il n’a commencé sa chimiothérapie que depuis la semaine dernière. Est-il vrai que le carboplatine présente les mêmes propriétés que le cisplatine mais engendre moins d’effets secondaires ? Est-il possible qu’il ne soit pas administré aux malades qui ne disposent que d’une assurance caisse maladie de base parce qu’il est plus cher que le cispatine ?

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour berti,
De manière générale, il est conseillé aux personnes de plus de 65 ans et aux personnes souffrant de maladies pulmonaires chroniques ou atteintes d’une déficience du système immunitaire de se faire vacciner contre la grippe. Il est également conseillé aux patients sous chimiothérapie de se faire vacciner.

Qu’entendez-vous par «contre-productive»? Craignez-vous que le vaccin puisse déclencher la grippe? Les vaccins contre la grippe administrés en Suisse ne contiennent pas de souches vivantes qui pourraient déclencher la maladie. Il est vrai, cependant, que le vaccin peut provoquer de légères réactions secondaires. La réaction la plus fréquemment observée est une rougeur ou une irritation autour du point d’injection à laquelle peuvent s’ajouter des douleurs locales, des démangeaisons et des éruptions cutanées. Des réactions plus sérieuses comme la fièvre, la nausée ou une réaction allergique sont très rares. Evidemment, la vaccination contre la grippe ne garantie pas une protection à 100 % et peut provoquer chez les personnes immunodéficientes une légère réaction immunitaire. Par contre, elle peut prévenir les complications graves de la grippe, telle la pneumonie et éviter ainsi l’hospitalisation.
La vaccination ou non de votre père dépend également de l’avis de son médecin traitant. Si votre père ne devait pas se faire vacciner pour une raison ou une autre, il y aurait toujours la possibilité que son environnement directe, donc sa famille, se fasse vacciner afin d’éliminer le risque de transmission du virus.

Le carboplatine et le cisplatine sont deux des médicaments prescrits dans le traitement du cancer du poumon. Certaines études démontrent que dans les cas du carcinome spinocellulaire non à petites cellules, le cisplatine est probablement un peu plus efficace que le carboplatine. Mais cela dépend également de la combinaison thérapeutique. En Europe, la combinaison cisplatine/gemcitabine est le traitement préconisé pour les patients atteints d’un carcinome spinocellulaire.
Les deux médicaments (cisplatine et carboplatine) sont prescrits à divers dosages et présentent des effets secondaires à la fois similaires et différents. Il est toutefois difficile d’établir lequel des deux médicaments cause le moins d’effets secondaires, ces derniers ne pouvant pas être anticipés et variant d’un patient à l’autre. Il est vrai cependant que la combinaison carboplatine/gemcitabine provoque plus d’effets secondaires sur la moelle osseuse que la combinaison cisplatine/gemcitabine.

Le carboplatine est effectivement plus cher que le cisplatine, mais que le patient bénéficie d’une assurance maladie de base ou privée n’est pas un critère dans le choix de la thérapie. En règle générale, le traitement par carboplatine, tout comme le traitement par cisplatine, est pris en charge par le régime de base de la caisse maladie selon les prescriptions du médecin traitant. La typologie de la tumeur et l’évolution de la maladie sont les seuls facteurs pris en considération dans le choix de la thérapie.



Question de Piero:
Bonjour Docteur,
J’aurais une question à vous poser: hier le dentiste m’a enlevé un pivot en fibre de verre que j’avais dans une dent en utilisant la fraise… or, j’ai lu un article concernant la nocivité des vapeurs de la fibre de verre, je suis très inquiet… il y a-t-il un risque ? qu’est ce que je peux faire ?

Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour Piero,
Je vous rassure: une exposition unique et d'une si courte durée à une substance potentiellement nocive n'est pas suffisante pour provoquer un dommage cellulaire et encore moins l'apparition d'un cancer.



Question de brunam:
J’ai un cancer du pancréas et depuis un an, des métastases aux poumons. Elles sont encapsulées, mais à présent j’ai de l’eau dans les poumons. Les médecins l’ont déjà drainée deux fois, mais elle revient. Qu’est-ce que je peux faire ? Existe-t-il une solution alternative ?


Réponse du Prof. Ochsenbein:
Bonjour brunam,
Vous m’écrivez que vous êtes atteint d’un cancer du pancréas avec des métastases aux poumons.

Souvent, les métastases pulmonaires passent inaperçues pendant un certain temps car elles ne provoquent aucun symptôme.

Un épanchement pleural se définit par la présence de liquide dans la cavité pleurale Ce liquide se situe entre la plèvre pariétale et la plèvre viscérale.

Les causes d’un épanchement pleural sont diverses, comme par exemple un problème cardiaque ou une infection. Chez un patient atteint d’une tumeur avec métastases aux poumons, l’épanchement est généralement causé par la tumeur elle même. Les cellules tumorales sont responsables d’une infection de la plèvre pariétale et de la plèvre viscérale conduisant à l’accumulation du liquide.

Dans le cas d’un épanchement pleural important, les médecins pratiquent une ponction pleurale ou un drainage thoracique pour évacuer l’épanchement. Si l’épanchement persiste, votre médecin traitant peut vous suggérer une pleurodèse chimique ou chirurgicale. Le but des deux traitements étant la cicatrisation des feuillets pleuraux afin d’éviter une nouvelle accumulation de liquide. En outre, la tumeur responsable de l’épanchement devra également faire l’objet d’une thérapie.

Malheureusement aucun moyen alternatif ne permet de prévenir l’accumulation de liquide dans les poumons ou dans la cavité pleurale.

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