Mois d'août: Une thérapie à 80 ans?

[admin]

Récit d'une conversation avec Cornelia Orelli, conseillère spécialisée à la Ligne InfoCancer

Point de départ

Une femme de 80 ans n’est pas sûre d’avoir fait le bon choix en optant pour un traitement lourd sans aucune garantie.
Au bout du fil, mon interlocutrice, âgée de 80 ans, respire la joie de vivre. Sa vie de couple lui a laissé de merveilleux souvenirs : elle a une fille avec laquelle elle a des liens étroits et ouverts, elle adore ses petits-enfants. Parfaitement autonome, elle a effectué il y a peu un voyage qui lui a fait oublier son cancer, un carcinome des cellules rénales.

Si elle appelle la Ligne InfoCancer, c’est que son oncologue lui a communiqué la veille les résultats du dernier contrôle. Le cancer a formé des métastases dans le poumon.
Ces résultats placent notre interlocutrice devant un sérieux dilemme: doit-elle faire un traitement ou non? Elle est horrifiée par sa propre «inconséquence». Ne s’est-elle pas toujours dit que, quand les choses en arriveraient là, elle arrêterait les frais? Cela, c’était la théorie. Dans la réalité, elle a instinctivement décidé de traiter sans délai les métastases, qui ne provoquent pas encore de troubles. Elle n’arrive pas à accepter sa propre décision. Elle n’est pas contente d’elle-même; elle trouve son choix extrêmement déraisonnable, car elle estime qu’à 80 ans, on devrait être en mesure d’accepter que la vie a une fin. Elle sait que la thérapie ciblée qui lui a été proposée peut provoquer des effets indésirables importants, ce qui la pousse à se dire qu’il est «incompréhensible» qu’elle ait décidé de renoncer à sa qualité de vie actuelle sans avoir l’assurance que le traitement lui permettra de vivre plus longtemps. Elle souhaite avant tout que la conseillère spécialisée lui dise à quelles limitations elle doit s’attendre dans sa vie de tous les jours à la suite des effets indésirables possibles des cytostatiques; elle tient plus que tout à conserver sa mobilité pour pouvoir se rendre seule chez le médecin avec sa voiture sans devoir demander de l’aide.

Une base pour mieux se connaître

Au cours de la discussion, je parviens à accompagner mon interlocutrice en quête de repères sur le chemin de la connaissance de soi. Je lui demande comment elle a abordé jusqu’ici les problèmes qu’elle a rencontrés dans sa vie. «Avec courage, décision et fermeté», répond la femme, que cette découverte semble un peu rassurer. Elle me laisse entendre que cela lui fait du bien d’obtenir une explication à ses propres réactions, qui lui paraissent hors de contrôle. Elle voit maintenant clairement pourquoi, dans une situation qui représente une menace pour sa vie, elle n’aurait pas pu réagir autrement qu’elle l’a toujours fait. Elle a toujours eu la conviction qu’il fallait s’attaquer aux problèmes sans tergiverser. Une fois qu’on a pris sa décision, il faut s’y tenir, en en assumant les possibles inconvénients. Quand on commence quelque chose, on va jusqu’au bout. Je lui fais encore part d’une suggestion qu’elle juge «d’un précieux secours»: noter les raisons qui l’ont amenée à prendre sa décision pour qu’elle puisse s’y raccrocher si, une fois, elle cède au découragement.

Au fil de la discussion, nous avons jeté des bases qui permettent à la vieille dame d’envisager toutes les options possibles. Bien sûr, la décision finale lui appartient.


Si vous avez vous aussi des questions: www.liguecancer.ch/ligneinfocancer


Ces réponses correspondent à une prise de position générale. Elles ne remplacent pas les conseils personnalisés d’un médecin spécialiste. Les noms de médecins, établissements de traitement et produits ne sont pas cités dans un but publicitaire ni de recommandation. Ils se bornent à indiquer des sources d’information.