Je souffre de neuropathie périphérique à la suite d’une chimiothérapie. Que puis-je faire pour lutter contre les troubles qui se manifestent au niveau des pieds et des mains ?
Début 2017, j’ai appris soudainement que j’avais un cancer de l’intestin. J’ai bien supporté l’opération et la chimiothérapie, mais depuis, je souffre de fourmillements très marqués dans les mains et les pieds.
Réponse rédigée par Rita Lang, conseillère spécialisée de la Ligne InfoCancer, et Anna Barbara Rüegsegger, spécialiste Cancer Survivors de la Ligue suisse contre le cancer.
Vous n’êtes pas un cas isolé. La neuropathie chimio-induite (NPCI) est un effet secondaire fréquent des traitements anticancéreux avec des médicaments neurotoxiques ; ceux-ci agissent, comme leur nom l’indique, à la manière d’un poison sur le cerveau.
Le système nerveux permet de percevoir et de traiter les stimuli et de contrôler les réactions. Les substances neurotoxiques attaquent les structures nerveuses sur le plan sensori-moteur. Les cytostatiques comme les médicaments à base de platine, les taxanes et les vinca-alcaloïdes, de même que les immunothérapies et les traitements par anticorps modernes peuvent endommager le système nerveux. Le risque de neurotoxicité augmente avec la dose et la durée de l’exposition au cytostatique. Ces effets secondaires peuvent obliger à restreindre l’emploi de certains cytostatiques (Leitlinienprogramm Onkologie, Supportive Therapie bei onkologischen PatientInnen, 2017).
Les personnes concernées devraient aviser leur médecin traitant dès les premiers signes de lésions nerveuses ; cela vaut aussi pour les troubles qui persistent au terme du traitement.
Des lésions nerveuses peuvent se traduire par les symptômes suivants :
- des troubles de la sensibilité tels que fourmillements, brûlures, picotements (paresthésies) ;
- un engourdissement, l’impression d’être « dans du coton » (hypoesthésie) ;
- une sensibilité exacerbée au toucher (hyperesthésie) ;
- une altération de la sensibilité aux vibrations ou du sens de position (sensibilité profonde) ;
- une faiblesse musculaire, une perte de force ;
- une altération des réflexes ;
- des troubles de la coordination ;
- des douleurs neuropathiques ;
Le bout des doigts et les orteils sont souvent les premiers touchés ; la personne concernée a l’impression de porter un gant ou une chaussette invisibles. D’autres éléments du système nerveux peuvent également être affectés. Des examens neurologiques approfondis sont recommandés.
En règle générale, les troubles susmentionnés s’atténuent au terme de la chimiothérapie. Suivant le cytostatique administré, ils peuvent toutefois persister plusieurs mois.
Les spécialistes recommandent un entraînement par le mouvement à titre préventif, mais aussi curatif. Lorsqu’une neuropathie est déjà installée, des exercices permettent d’améliorer la fonctionnalité au quotidien et le bien-être des personnes concernées.
Un tel entraînement peut comporter divers éléments :
- des exercices d’équilibre ;
- un entraînement sensorimoteur ;
- un entraînement de la coordination ;
- un entraînement par vibrations (vibrotonie) ;
- un entraînement de la motricité fine.
Nous vous signalons encore des mesures qui ont donné de bons résultats, mais dont l’efficacité n’a pas été démontrée scientifiquement :
- entraîner le toucher et le contact (faire rouler 2 à 3 fois par jour des boules de qi-gong dans la main, remuer deux à trois fois par jour les mains et les pieds dans une bassine remplie de lentille ou de riz) ;
- masser les mains et les pieds avec une crème grasse ;
- masser tous les jours les pieds et les mains avec l’huile antidouleur Wala® à l’aconit. Cette huile, recommandée par le Centre de médecine intégrative de Zurich, peut être obtenue sans ordonnance.
Dans la vie de tous les jours, il s’agit de trouver des solutions créatives aux petites et grandes difficultés qui se posent. La Ligue contre le rhumatisme, par exemple, propose dans son catalogue de moyens auxiliaires des aides qui vont de l’ouvre-bouteilles à l’attrape-ceinture de sécurité en passant par les ciseaux de jardin.
Limitez au maximum les risques de blessures et de chute. Faites attention à ne pas vous brûler avec les coussins chauffants et veillez à ne pas vous prendre les pieds dans les tapis.
Avec quelles mesures avez-vous fait de bonnes expériences ? Où vous heurtez-vous à des limites ? Que pouvez-vous conseiller aux personnes qui souffrent elles aussi de neuropathie périphérique ? Partagez vos connaissances et vos questions sur le forum cancer avec d’autres personnes touchées et intéressées, par exemple sous « traitement du cancer et effets secondaires - chimiothérapie ».
Avec l’aimable soutien de Sarah Stoll, conseillère spécialisée Cancer Survivorship à la Ligue contre le cancer de Suisse orientale.
Remarque : Les informations trouvées sur internet ne remplacent en aucun cas la discussion avec l’équipe soignante et le médecin responsable.
Littérature
Complications neurologiques périphériques des traitements anticancéreux, Psimaras, D., Bompaire, F., Ricard, D. (2010), Neurologie.com 2010 ; 2(8) : 197-201 : http://www.jle.com/download/nro-288814- ... AAAA-a.pdf
Dommages au système nerveux causés par la chimiothérapie, Société canadienne du cancer : http://www.cancer.ca/fr-ca/cancer-infor ... ?region=on
Neuropathie périphérique et cancer, AFSOS Association Francophone des Soins Oncologiques de Support : http://www.afsos.org/fiche-referentiel/ ... ue-cancer/
Neuropathie périphériques, signes à observer et quelques conseils, Hôpitaux Universitaires Genève : https://www.hug-ge.ch/oncologie/neuropa ... ipheriques
Leitlinienprogramm Onkologie (Deutsche Krebsgesellschaft, Deutsche Krebshilfe, AWMF): Supportive Therapie bei onkologischen PatientInnen - Langversion 1.1, 2017, AWMF Registernummer: 032/054OL, http://leitlinienprogramm-onkologie.de/ ... .95.0.html (Zugriff am 02.05.2018). Kapitel 9. Neurotoxizität
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