Pourquoi utiliser des substituts nicotiniques lorsqu’on arrête de fumer ?

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Pourquoi utiliser des substituts nicotiniques lorsqu’on arrête de fumer ?

Messagepar admin » jeu. 30 août 2018 10:17

Question posée à la Ligne InfoCancer
« Pourquoi utiliser des substituts nicotiniques lorsqu’on arrête de fumer ? Je veux arrêter de consommer de la nicotine. »

Réponse de Catherine Abbühl, responsable de la Ligne stop-tabac
A la Ligne stop-tabac, ces doutes nous parviennent fréquemment. Souvent, les gens tentent d’arrêter de fumer sans aide « chimique ». Cela peut fonctionner, mais, dans la plupart des cas, uniquement pendant quelques jours. En effet, pour de nombreuses personnes, les symptômes de manque comme l'irritabilité, la nervosité, l’agressivité, les insomnies, les troubles de la concentration et le besoin immédiat de fumer sont très difficiles à supporter. Cela entraîne souvent des rechutes.

A quoi sont dus les symptômes de manque ? Lorsque l’on fume, la nicotine inhalée parvient en quelques secondes jusqu’au centre de récompense du cerveau, où elle se fixe sur les cellules réceptrices. Cela entraîne la sécrétion de substances comme la dopamine, qui déclenche une sensation de bien-être, la sérotonine, synonyme de bonne humeur et de détente, et l’adrénaline, qui nous tient éveillés. L’augmentation fulgurante de la nicotine dans le centre de récompense du cerveau entraîne très vite une dépendance. De plus, des habitudes se développent par le biais de processus de conditionnement ; citons notamment le fait de fumer après un repas, en cas de mauvaise humeur ou comme récompense.

Lors d’un sevrage, ces effets de la nicotine perçus comme agréables ne sont plus ressentis et les symptômes redoutés apparaissent alors. Particulièrement forts les premiers jours, ils diminuent ensuite continuellement. Après un mois, ils sont déjà bien moins marqués, du fait que les cellules réceptrices (récepteurs de l'acétylcholine), sur lesquelles se fixe la nicotine, ont pu suffisamment régresser. En cas de rechute, les cellules se multiplient à nouveau et le besoin se fait alors aussitôt ressentir. Après trois mois sans tabagisme, le sevrage physique prend fin. Ainsi, les thérapies par substituts nicotiniques ne sont recommandées que pour une telle durée au maximum. Ces produits sont autorisés par Swissmedic comme aide médicamenteuse à l’arrêt du tabagisme. S’ils sont utilisés correctement, les chances de succès peuvent doubler[1]. Avantage : contrairement au tabac, ces médicaments n’entraînent pas de dépendance, du fait que la nicotine qu’ils contiennent n’augmente que lentement dans le cerveau. Cependant, ils atténuent très bien les symptômes de manque et diminuent l’envie de fumer. Le dosage doit être suffisamment élevé pendant une période suffisamment longue ; après un mois, il peut être revu à la baisse. De nombreux palliatifs sont disponibles en pharmacie : patchs, gommes à mâcher, comprimés à sucer, comprimés sublinguaux, inhalateurs, sprays buccaux[2]. Par exemple, les personnes qui fumaient 20 cigarettes par jour pourront utiliser un patch fortement dosé pendant un mois.

La thérapie par substitut nicotinique ne nuit pas à la santé, au contraire. Seule la nicotine pure est consommée, sans les substances nocives de la fumée. En effet, avec cette dernière, le corps absorbe plus de 7000 substances chimiques. Des centaines d’entre elles sont toxiques et au moins 70 sont cancérigènes.

Notons encore que l’usage de la cigarette électronique pendant l’arrêt du tabac entraîne un maintien de la dépendance à la nicotine. En effet, même en vapotant, la nicotine atteint très vite le cerveau. De plus, les connaissances scientifiques actuelles ne permettent pas de recommander les cigarettes électroniques comme aide efficace pour arrêter de fumer.

En parallèle à une thérapie médicamenteuse de substitution, il est judicieux de recourir à des offres qui entraînent un changement durable du comportement. Par exemple, pour les gros fumeurs, le plus efficace sera de combiner des patchs nicotiniques à un entraînement ciblé pour changer de comportement avec un soutien professionnel. A cet effet, des services spécialisés proposent des cours et des conseils ; la Ligne stop-tabac dispense des conseils par téléphone.

La Ligne stop-tabac offre des renseignements et des conseils, avec plusieurs entretiens de suivi gratuits, au 0848 000 181. Plus d’informations sur
http://www.ligne-stop-tabac.ch.

L’équipe de la Ligne InfoCancer prodigue accompagnement et conseils aux personnes atteintes, à leurs proches et à toute personne intéressée. Une question ? Il suffit d’envoyer un courriel, de nous téléphoner ou d’utiliser la fonction chat sur notre site : http://www.liguecancer.ch/ligneinfocancer

[1]123 études (standards Cochrane ; odds ratio = efficacité relative)
OR 1,77 après six mois; toutes les préparations (1,66 – 1,88)
OR 1,66 pour les gommes à mâcher
OR 1,81 pour les patchs
OR 2,14 pour les inhalateurs
OR 2,05 pour les tablettes sublinguales
OR 2,20 pour les gommes à mâcher de 4 mg vs les gommes à mâcher de 2 mg pour les fumeurs fortement dépendants
[2] http://www.ligne-stop-tabac.ch/medicaments

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