Messagepar admin » lun. 7 mars 2022 13:26
Question de B. F.
Cher Docteur Notter,
Mon père, né en 1963, a reçu début février 2022 un diagnostic de glioblastome dans l’aire du langage.
L’opération a déjà eu lieu et 95 % de la tumeur ont pu être enlevés.
Il doit maintenant bientôt recevoir une chimio et radiothérapie selon le protocole de Stupp.
Pourquoi les glioblastomes ne sont-ils pas soignés à l’Institut Paul Scherrer par la protonthérapie au lieu de la photonthérapie ? La protonthérapie permet pourtant d’augmenter la dose de rayons qui agissent sur les tissus tumoraux tout en réduisant l’irradiation des tissus sains.
Réponse de Markus Notter, Dr med., médecin spécialiste en radio-oncologie
Cher/Chère B. F.,
Les protons sont des particules élémentaires portant une charge positive que l’on accélère à une haute énergie dans un cyclotron. On les utilise médicalement depuis plus de 70 ans. Cette irradiation par un faisceau de particules présente l’avantage que, en fonction de l’énergie de départ, elle est relativement vite freinée dans l’organisme, de sorte que son action peut être très ciblée. Cela présente des avantages considérables pour les processus de petite taille, bien délimités, comme par exemple le traitement de certaines tumeurs oculaires que l’on peut détruire sans détruire l’œil. Malgré ces succès connus depuis longtemps, la protonthérapie ne s’est pas généralisée, car son action délimitée est aussi son principal inconvénient : c’est « tout ou rien », un peu comme au scalpel. Les tumeurs malignes comme le glioblastome ont une croissance diffuse dans les tissus avoisinants, on ne peut donc pas les délimiter précisément, c’est pourquoi on a du mal à les réséquer entièrement. Le fractionnement de la dose totale nécessaire en de nombreuses petites portions évite de dépasser la tolérance tissulaire tandis que les cellules tumorales y sont plus sensibles. Malgré tout, cela est peu utile pour la protonthérapie. La photonthérapie « classique » permet d’atteindre le même résultat avec une meilleure planification, meilleur marché et tenant compte des mouvements de la tumeur. Les essais qui ont pu avoir lieu de soumettre des glioblastomes à des doses encore plus élevées à l’aide de l’irradiation par faisceau de particules ont dû être interrompus en raison d’effets secondaires lourds sans qu’un avantage se dégage. C’est pourquoi la protonthérapie reste limitée à un très petit nombre d’indications. Le PSI se charge de ces situations pour toute l’Europe.