2015 – Cancer de la thyroïde

admin
Site Admin
Messages : 664
Inscription : ven. 28 avr. 2006 6:19
Localisation : Berne

2015 – Cancer de la thyroïde

Messagepar admin » mer. 1 avr. 2015 9:57

Le professeur Christian A. Seiler, médecin spécialiste FMH en chirurgie viscérale et médecin adjoint à l’Hôpital de l’Ile à Berne, répond à vos questions:

Ces réponses correspondent à une prise de position générale. Elles ne remplacent pas les conseils personnalisés d’un médecin spécialiste. Les noms de médecins, établissements de traitement et produits ne sont pas cités dans un but publicitaire ni de recommandation. Ils se bornent à indiquer des sources d’information.

Quelques questions et réponses ont été traduites dans une autre langue nationale. Si vous avez des questions complémentaires, veuillez vous adresser aux conseillères spécialisées de la Ligne InfoCancer, au numéro gratuit 0800 11 88 11, ou par e-mail à helpline@krebsliga.ch.



Question de liam13:
Bonjour,
Diagnostic: carcinome folliculaire minimalement invasif. J’ai deux opérations derrière moi et je vais commencer un traitement à l’iode radioactif. Pronostic: jusqu’ici, l’analyse de la lymphe du cou n’a pas révélé de métastases. J’ai peur que le cancer ne se soit disséminé plus loin. Dans pareil cas, dans quelle mesure le traitement à l’iode radioactif est-il efficace? A quels organes le cancer se propage-t-il de préférence?? J’ai aussi peur de ce qui va se passer en attendant que l’équilibre hormonal se rétablisse (palpitations, tremblements....). En quoi la maladie va-t-elle affecter notre vie? Nous souhaiterions encore avoir des enfants, est-ce réaliste après le traitement à l’iode radioactif? Après la radiothérapie, doit-on tenir les enfants en bas âge et les femmes enceintes à l’écart pendant deux semaines?

Réponse du Prof. Seiler:
Bonjour liam13,
Les indications que vous donnez sont malheureusement trop imprécises pour permettre une évaluation exacte.

D’une manière générale, les carcinomes de la thyroïde sont, à quelques rares exceptions près, des tumeurs très peu agressives qui se soignent très bien et pour lesquelles le pronostic est en principe très bon (comme pour une personne en bonne santé).
Avant le traitement à l’iode radioactif, on effectue un scanner de l’ensemble du corps; cet examen ultra-sensible permet de déceler d’éventuelles métastases. Si des métastases sont détectées, le traitement à l’iode radioactif peut les détruire très efficacement, car il cible les cellules cancéreuses de la thyroïde et les détruit de façon sélective quel que soit l’endroit où elles se trouvent dans l’organisme.
L’équilibre hormonal est rétabli très simplement, mais au début, l’endocrinologue ou le médecin de famille doivent procéder à plusieurs contrôles jusqu’à ce que le taux du médicament dans le sang se stabilise, ce qui prend quelques semaines. Ensuite, seuls des contrôles occasionnels sont nécessaires. Lorsque l’équilibre hormonal est normalisé, il n’y a pas d’effet secondaire.
Votre vie ne sera PAS affectée par la maladie (en dehors du traitement) et vous pourrez vaquer à vos occupations de façon tout à fait normale, sans aucune restriction. Une grossesse est tout à fait possible, mais vous devriez attendre un peu avant de la mettre en route.
Le traitement à l’iode radioactif ne diminue pas la fertilité et un risque accru d’atteinte à l’ADN n’a pas été constaté après ce type de thérapie. Par sécurité, on ne devrait toutefois pas mettre une grossesse en route dans les six mois qui suivent la fin du traitement. Après, rien ne s’y oppose.
En effet, l’iode radioactif subsiste encore en faibles quantités dans l’organisme pendant quelques jours, de sorte qu’il est recommandé d’éviter le contact avec des femmes enceintes. Etant donné que les jeunes enfants sont plus sensibles aux rayons, on devrait également limiter les contacts avec les enfants de moins de dix ans (ne pas faire de câlins prolongés, ne pas porter l’enfant longtemps). Cela vaut en particulier pour les enfants de moins de deux ans. Les contacts physiques avec d’autres personnes devraient être limités pendant un certain temps; il suffit de laisser une distance de deux mètres entre elles et vous. Le médecin du service où vous effectuerez le traitement vous donnera de plus amples informations au moment où vous quitterez l’hôpital.



Question d’UdoS:
Docteur Seiler, on m’a enlevé la thyroïde il y a douze ans et depuis, je prends de l’Euthyrox 125. Je voulais vous demander s’il existe des études qui montrent que la prise de lévothyroxine sodique peut avoir des répercussions négatives sur le système cardio-vasculaire à long terme. Si oui, que disent ces études? Merci d‘avance de votre réponse.

Réponse du Prof. Seiler:
Bonjour UdoS,
Comme on vous a enlevé la thyroïde, votre corps ne peut plus produire d’hormones thyroïdiennes (thyroxine). De ce fait, la prise de comprimés est nécessaire à vie pour remplacer ces hormones. La lévothyroxine sodique contenue dans le médicament Euthyrox est identique à la thyroxine naturelle. Au début du traitement, le taux d’hormones dans le sang doit être contrôlé à intervalles rapprochés. Une fois que le taux d’hormones sanguin s’est normalisé, seuls des contrôles occasionnels sont nécessaires; ils peuvent être effectués par l’endocrinologue ou le médecin de famille.
Lorsque le taux hormonal est normalisé, il n’y a en principe pas d’effets secondaires, et le système cardiovasculaire n’est pas affecté.
Comme je l’ai mentionné plus haut, le médicament n’est rien d’autre qu’une «copie» exacte de la substance produite par la thyroïde elle-même (!) sans laquelle le corps ne peut pas fonctionner et peut subir des effets préjudiciables.

En cas de surdosage du médicament, il peut se produire des symptômes semblables à ceux d’une hyperthyroïdie: pouls rapide, tremblements, agitation, etc.



Question d’Ella:
Bonjour professeur,
Je suis tombée sur votre consultation d’experts par hasard. Ou n’était-ce pas un hasard? Ma grand-mère a eu un goitre il y plusieurs années et elle a dû se faire opérer. Elle s’est bien rétablie. Malheureusement, personne ne peut me dire s’il s’agissait d’un cancer ou non. Depuis quelque temps, je suis souvent enrouée et j’ai l’impression d’avoir un «nœud» dans la gorge quand j’avale. Par ailleurs, j’ai constaté un gonflement au niveau de la gorge, à droite sous le menton. Parfois, je me dis que je me fais des idées. Mais cette enflure me fait peur. Que faut-il que je fasse? Sinon, je suis en bonne santé et j’ai une assurance-maladie avec une franchise élevée.
Merci de votre réponse, que j’espère rapide.

Réponse du Prof. Seiler:
Bonjour Ella,
Vous êtes enrouée depuis quelque temps, vous avez l’impression d’avoir un nœud dans la gorge quand vous avalez et vous avez constaté un gonflement au niveau de votre gorge. Ces symptômes ne sont pas nécessairement dus à une maladie de la thyroïde, mais il faut impérativement en rechercher l’origine. Malgré votre franchise d’assurance élevée, je vous recommande de consulter votre médecin de famille. Il procédera à un examen clinique et, s’il soupçonne la présence d’un goitre, à une échographie pour définir la taille et l’«anatomie» de celui-ci, en effectuant éventuellement une petite ponction. S’il ne décèle pas d’augmentation du volume de la thyroïde, il peut être judicieux de consulter un otorhinolaryngologiste (ou médecin O.R.L, spécialiste des maladies de l’oreille, du nez et de la gorge) pour exclure une autre cause à vos problèmes de déglutition.

Vous écrivez que votre grand-mère a eu un goitre il y a plusieurs années et que vous ne savez pas si cette enflure de la thyroïde était due à un cancer. En Suisse, on pratique depuis 1922 une prophylaxie efficace afin de prévenir les goitres liés à une carence en iode; cette maladie était très fréquente avant cette date, même chez les enfants. On a remédié au problème en ajoutant de l’iode au sel de cuisine. Il existe toutefois une autre forme de goitre très fréquente, qui est bénigne et plutôt liée à des facteurs moléculaires et génétiques; elle s’observe avec une fréquence accrue dans certaines familles. Comme je l’ai dit, ce type de goitre est bénin, mais il convient de procéder à des examens afin d’en avoir le cœur net et d’être sûr de déceler un éventuel cancer.



Question de Pavone:
Bonjour,
Depuis quelques mois, le médecin ne constate plus aucun signe de cancer chez moi (carcinome papillaire de la thyroïde pT3 N0M0). Mon taux de TSH est de 0,3. Ma question: quel est le risque de récidive? Merci beaucoup.

Réponse du Prof. Seiler:
Bonjour Pavone,
Je suis heureux d’apprendre que les contrôles ne révèlent plus aucun signe de cancer dans votre organisme.
Vous écrivez que vous souffrez d’un carcinome papillaire de la thyroïde et vous souhaiteriez connaître votre pronostic. Sur la base des quelques indications que vous donnez, je ne peux toutefois formuler qu’une réponse générale.
Le carcinome de la thyroïde de type papillaire se classe parmi les cancers de la thyroïde les plus fréquents; c’est l’un des moins agressifs et donc des moins dangereux; on peut le traiter par la chirurgie et, en complément, par l’iode radioactif.
Comme pour la plupart des cancers, le pronostic ne dépend pas seulement de la classification TNM. Il est également fonction de la classification histologique du tissu atteint (analyse du sous-type). Par ailleurs, les personnes de moins de 45 ans ont en principe en meilleur pronostic que les patients plus âgés.
De façon générale, je peux dire que le taux de survie à long terme est très élevé chez les patients atteints d’un carcinome papillaire de la thyroïde. Toutefois, pour déceler et traiter une éventuelle récidive le plus tôt possible, des contrôles sont nécessaires tous les six à douze mois. Effectués de préférence dans un établissement ou auprès d’un médecin spécialisé, ces contrôles comportent un examen physique, une échographie de la gorge et la mesure de paramètres sanguins spécifiques à la thyroïde. D’autres examens, comme une scintigraphie ou une ponction à l’aiguille fine p. ex., peuvent fournir des informations supplémentaires si nécessaire. Pour compenser l’absence de production d’hormones thyroïdiennes ou une production hormonale insuffisante, la prise d’hormones thyroïdiennes sous forme de comprimés est nécessaire à vie.

La valeur de TSH de 0.3 que vous mentionnez se situe dans la norme inférieure et n’influence pas votre pronostic.

Revenir à « Cancer de la thyroïde »

Qui est en ligne ?

Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 0 invité